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de Louis XVIII qui va incessamment reparaître sur son trône, qu'arrivé chez lui on lui a demandé du vin qu'ils en ont bus deux bouteilles et emporté une, qu'ils ont pris les souliers et boucles d'argent du dit PALUD en lui laissant une mauvaise paire et voulant prendre congé ils ont demandé au chef, allons nous directement à la maison, que le commandant ayant répondu oui, il a ajouté il faut que tu boive car parlant au dit PALUD à la santé du roi, que le citoyen PALUD a demandé est-ce à la santé de monsieur ou celle du comte d'Artois que je doive boire et qu'on lui avait répondu, à la santé de Louis XVIII. Que de là ils se sont retirés environ onze heures et demy, s'étant emparé de plus du fusil à deux coups dont le garde du citoyen ABGRALL pour la taille de Kerdrein était dépositaire de la part de ce dernier, qu'ils ont pris la route de Quimper et que le rassemblement paraît être de ce côté et que le dit PALUD dit ne connaître aucun des individus, avoir seulement des présomptions qu'il existait dans la bande un chanoine, parce qu'il lui avait demandé pourquoi il n'avait pas fait comme les chanoines de Quimper, ajoutant par qui avez vous été fait prêtre, sur sa réponse par SAINT-LUC, ils lui ont dit, tu as un bon fond mais tu as mal fini, après quoi, ils lui ont demandé, pourquoi as tu acquis des domaines nationaux, il a répondu cherchant un diffuge, c'est mon frère qui m'y a engagé en conséquence ont-ils répondu, tu as du bien et tu payeras. Tant que le citoyen Henri QUÉINNEC ayant vu approcher chez lui cette bande on lui a demandé cent cinquante francs, qu'il a répondu, tuez moi s'il vous les faut, d'ici je ne les ai pas, sur ce il a présenté onze écus qui était tout ce qu'il avait, ils s'en sont emparés faisant en sus des fouilles partout pour découvrir du numéraire, pris une hache pour couper l'arbre de la liberté qu'ils n'ont pu découvrir dans le grand nombre dont est garni le placître.
Que les deux citoyens ont été maltraités à coups de poings, ce coups de pistolets et de fusils, que le citoyen PALUD a été blessé au genou au point de ne presque pas pouvoir marcher, que le citoyen Henri QUÉINNEC ayant reçu des coups à la tête de crosse de pistolets, que le citoyen PALUD a été requis de se mettre six fois à genoux et de dire son Confiteor et qu'à toute reprise on tirait quelques coups de fusils ou de pistolets et on criait qu'on le fusille cet intrus et que ce n'est qu'à force de rappeler à ces citoyens leur parole d'honneur qu'il a obtenu la vie, qu'enfin deux de ces individus dont le chef de la hauteur de cinq pieds dix pouces environ, jeune homme habillé en cultivateur et l'autre en habit court lui ont paru d'une éducation plus qu'ordinaire et que c'est à eux que le citoyen PALUD déclare devoir la vie, qu'enfin pendant les courses qu'on lui a fait faire, il a entendu seulement les noms de BONAVENTURE et SANS-RÉMISSION sans savoir auxquels de toute la bande on adressait ces noms.
De tout quoi, j'ai rapporté que les citoyens susnommés ont signé avec moi à Plogonnec le 8 brumaire an VIII à sept heures du matin »
(58).
Le citoyen PALUD déclara ne connaître aucun de ces individus, et eut l'audace d'ajouter qu'il avait « des présomptions qu'il y existait un chanoine de Quimper ». Lui qui était né à Quimper et où il avait habité jusqu'à l'année 1787, il osait prétendre n'être pas à même d'identifier avec certitude un chanoine du Chapitre ! Mais c'était la fin de la chouannerie dans cette région, où elle s'était d'ailleurs si peu manifestée
(59).
La signature de PALUD comme maire de Guengat se retrouve du 10 messidor an VIII (29/VI/1800) au 4 thermidor an XII (23/VII/1804)
(60).
On sait que, vers la fin de la période révolutionnaire, Ignace LE GARREC de Kerlaz, aidé d'Alain LE FLOC'H de Fouesnant
(61), réunissait des assemblées importantes à Plogonnec et Guengat (62).
François LE GORGEU ne reviendra à Guengat que pour y mourir le 18/I/1802
(63).
Nicolas LOUBOUTIN, après avoir rejoint l'Espagne, attendra 1802 avant de revoir Guengat
(64). Rentré en France, M. LOUBOUTIN fut nommé recteur de Plogonnec, en novembre 1802 (65).
Cependant, malgré ce glissement apparemment sans gros problème, d'une église à l'autre, il se maintient dans toute cette région des noyaux de l'ancienne église constitutionnelle, parfois autour de prêtre opposés au Concordat. Ainsi en est-il de celui de Guengat : « Monsieur le desservant de Guengat, dit Corentin KERNALÉGUEN, ou pour mieux dire le supérieur de son séminaire
(66) m'est venu voir et m'a demandé si je voulais trouver bon qu'il eût confessé dans ma succursale (de Plogonnec), parce qu'il a la confiance de plusieurs ». Ces gens qui font confiance à François PALUD sont les partisans de l'église constitutionnelle et de la Révolution ; d'autres les ont rejoints : acheteurs de biens nationaux, ils se sentaient uniquement réprouvés. (67).
Et Corentin KERNALÉGUEN, recteur insermenté de Plogonnec, de se plaindre de son voisin de Guengat, François PALUD qui n'avait pas encore décampé. « Pour comble de malheur, nous sommes mal avoisiné : il y a dans ce Guengat, une boutique mal assortie. Mon maire, le citoyen DAMEY, est aussi de cette société. » La boutique mal assortie de Guengat était composée de François PALUD, d'Antoine LE HARS, chassé de Plogonnec, et d'un ancien moine carme de Pont-l'Abbé, Marin PERDOUX, sans compter quelques-uns de leurs partisans
(68).
En 1803, Guillaume LE BLOAS, un insermenté, précédemment à Lanvern, est muté à Guengat à titre de desservant à Guengat (succursale concordataire)
(69). Antoine LE HARS, constitutionnel ne fut pas nommé curé ou desservant, mais est qualifié de « sans fonction » à Guengat (70). Il en est de même pour François PALUD (71). Marin PERDOUX, carme, vit en prêtre habitué à Guengat (72). Résidant à Guengat en 1803, LE HARS est signalé comme résident à Plogonnec en 1812 (73).
Nicolas LOUBOUTIN mourut recteur de Plogonnec le 26/I/1813
(74).
L'animosité, les résistances, et même le mépris dont furent l'objet les intrus ne furent pas étrangers à leur nervosité, à leur colère, et parfois à leur fureur. On s'était engagé dans un processus irréversible de lutte, dont les intrus sortirent grands vaincus. Mais non sans meurtrissures. Antoine LE HARS ne reprit jamais le ministère sacerdotal. On peut dire qu'ils furent dès le début du Concordat, d'autant plus vigoureux qu'ils étaient minoritaires
(75).
PALUD n'exerça aucun ministère jusqu'en 1816. Il se maintient quelques temps à Guengat avant de se retirer à Penmarc'h. François PALUD bouda l'Église pendant tout l'Empire. Il revint, plus ou moins, à la Restauration, parce qu'il fallait bien survivre
(76). François PALUD fait partie de ce lot de constitutionnels qu'on pourrait appeler « les rétractés de la Restauration » (77). François PALUD signait sa soumission le 15/I/1816. On peut se demander si on l'estima sincère, dans son entourage. Car l'année suivante il écrivait à l'évêché : « Ne pouvant espérer de travailler avec fruit dans ce diocèse de Quimper, je vous prie de vouloir bien me faire obtenir un démissoire pour passer dans un autre » (78). Se fixe à Guilligomarc'h, et obtient le 21/II/1817 l'autorisation d'aller au diocèse de Vannes. Il devient vicaire à Locunolé (qui était dans le Morbihan à cette époque). Il y meurt dans sa maison au bourg, le 23/IV/1830 (79).
Lettre du Préfet au Maire de Guengat :
« Quimper, 24/IV/1817. Monsieur, votre lettre en date d'hier me fais valoir que M. PALUD, propriétaire du presbytère de Guengat et dépendances, se propose de faire abandon général de cette propriété en faveur de votre Commune. Vous demandez à connaître les formalités à remplir pour parvenir à l'amptation de la proposition de M. PALUD. Cette cession doit être faite par devant notaire et les frais de l'acte seront payés par la Commune si tel est le voeu du donateur. Après que cet acte aura été ainsi passé, je vous autorise à faire assembler le Conseil Municipal de votre Commune. La délibération qu'il doit prendre doit faire mention : 1° De l'amptation de la donation proposée comme étant avantageuse à la Commune. 2° Si cette libéralité n'est point le fruit de quelque suggestion ou circonstance extraordinaire blâmable. 3° De la valeur présente de l'immeuble cédé par le Donateur, et estimé valoir en fonds la somme de ... 4° Si le donateur a des héritiers. 5° Du degré d'aisance et de parenté de ces héritiers avec le Sieur PALUD. 6° Si ce dernier s'est porté de son propre mouvement d'exercer cet acte délibéralisé. 7° Enfin si la donation peut donner lieu à quelque réclamation, les Documents sont exigés par le gouvernement. Je vous invite en conséquence à répondre sur tous les points en m'adressant l'acte de Donation dont il s'agit, du presbytère de Guengat et ses dépendances. Je soumettrai immédiatement cette proposition avec les pièces à l'approbation du Roi. J'ai l'honneur. » (80)

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(58) Registre des délibérations de Plogonnec - 8 brumaire an VIII ; Cité in ABGRALL (Chanoine) & PEYRON (Chanoine) : Guengat - 1914
(59) DILASSER (Maurice) : Locronan et sa région - Paris, 1979 - p. 346
(60) PÉRENNES (H., Chanoine) : Guengat - Rennes, 1941 ; "PALUD était maire de Guengat en 1803" In DILASSER (Maurice) : Locronan et sa région - Paris, 1979 - p. 663
(61) FOEN IZELLA : Aspects de la Révolution en pays fouesnantais - 1989
(62) DILASSER (Maurice) : Locronan et sa région - Paris, 1979 - p. 341-342
(63) BERNARD (Daniel) : Documents et notes sur l'histoire religieuse du Finistère sous le Directoire - p. 116 ; PÉRENNES (H., Chanoine) : Guengat - Rennes, 1941
(64) DILASSER (Maurice) : Locronan et sa région - Paris, 1979 - p. 335
(65) DILASSER (Maurice) : Locronan et sa région - Paris, 1979 - p. 335  ; "Il fut nommé vicaire à Plogonnec en 1805, puis recteur et mourut le 26/I/1816" In ABGRALL (Chanoine) & PEYRON (Chanoine) : Guengat - 1914
(66) Le séminaire dont il est question, c'est l'ancien "presbytère" qui dirigeait l'église constitutionnelle et le supérieur est certainement Louis SERANDOUR, constitutionnel impénitent
(67) DILASSER (Maurice) : Locronan et sa région - Paris, 1979 - p. 342-343
(68) DILASSER (Maurice) : Locronan et sa région - Paris, 1979 - p. 342
(69) LE FLOC'H (J.L.) : L'organisation du clergé dans le nouveau diocèse de Quimper en l'année 1803, In B.S.A.F., t. CIV, p.229
(70) LE FLOC'H (J.L.) : L'organisation du clergé dans le nouveau diocèse de Quimper en l'année 1803, In B.S.A.F., t. CIV, p.236
(71) LE FLOC'H (J.L.) : L'organisation du clergé dans le nouveau diocèse de Quimper en l'année 1803, In B.S.A.F., t. CIV, p.237
(72) LE FLOC'H (J.L.) : L'organisation du clergé dans le nouveau diocèse de Quimper en l'année 1803, In B.S.A.F., t. CIV, p.233
(73) DILASSER (Maurice) : Locronan et sa région - Paris, 1979 - p. 663
(74) B.S.A.F. - 1955 - p. 19
(75) DILASSER (Maurice) : Locronan et sa région - Paris, 1979 - p. 346-347
(76) DILASSER (Maurice) : Locronan et sa région - Paris, 1979 - p. 347
(77) DILASSER (Maurice) : Locronan et sa région - Paris, 1979 - p. 332
(78) DILASSER (Maurice) : Locronan et sa région - Paris, 1979 - p. 332 ; "Soumission de PALUD le 15/II/1816" In ABGRALL (Chanoine) & PEYRON (Chanoine) : Guengat - 1914 - p. 14
(79) DILASSER (Maurice) : Locronan et sa région - Paris, 1979 - p. 663
(80) A.D.F. - Côte 4 V 87