Début chapître

Précédent

Suite

c) Confessionnaux
Celui dans la chapelle du Rosaire date de 1840. L'auteur en est Vincent GARREC (59). Il porte une inscription en ancien alphabet breton dont voici la traduction (60) :

IAN : KAVAV
VAL : FABRIQ
UE : ROSERE
VINCENT GA
MU : 1840 (61)

Et une autre en français :

PHILIPPE : Adjoint : Fabrique
MARCHAND : Recteur
Jean-Loius (sic) LE QUÉAU : Maire

Vincent GARREC ne manque pas de talent. La chaire à prêcher et le confessionnal qu'il fournit en 1840 et 1843 à l'église paroissiale sont dans le pur style rocaille florissant au XVIIIème siècle et dont l'engouement se prolongea, on le voit ici, jusque dans le milieu du XIXème siècle. Le témoignage le plus ancien attestant des signes mystérieux utilisés par le menuisier de Guengat se trouve consigné dans la Grammaire du Père MAUNOIR, datée de 1659 qui l'appelle l'Alphabet des anciens Bretons Armoriques. D'après MAUNOIR, il est tiré « partie d'un ancien calice de l'abbaye de Landévennec, partie de quelques anciens bâtiments et monuments de la Bretagne ». Entre temps, les auteurs de Dictionnaires bretons, Grégoire DE ROSTRENEN en 1732, et Dom LE PELLETIER en 1752 (62), ont redonné l'alphabet armoricain, dans leurs ouvrages. Si l'on ne possède aucune description des caractères du calice de Landévennec, BACHELOT DE LA PYLAIE donne le dessin des glyphes de Lezarscouët, comme il les appelle dans les planches ses « Études archéologiques et géographiques ». Or ces glyphes ne ressemblent guère aux tableaux donnés par Grégoire DE ROSTRENEN ou Louis LE PELLETIER. Ce sont tout simplement des marques de tailleurs de pierre. Les glyphes ressemblent fort aux signes relevés par nous sur les pierres de taille des façades du manoir de Moëlien, en Plonévez-Porzay. Il n'y a guère de doute et chacun peut en faire la vérification lui-même. Ainsi l'on n'est guère à notre connaissance très documenté sur ce curieux sujet de l'alphabet armoricain. Mais ce qu'il y a de plus curieux, c'est de savoir comment Vincent GARREC de Guengat a pu être au courant de ces caractères, dits armoricains. Est-ce le fait d'un recteur érudit qui possédait dans sa bibliothèque la Grammaire de MAUNOIR ou bien l'un des dictionnaires que nous avons cité plus haut, qui aurait communiqué au menuisier local l'alphabet ? En examinant le relevé que nous donnons on remarquera que GARREC en use très librement. Pour certaines lettres, il utilise l'alphabet romain qui est, tout simplement, le nôtre. Par exemple, le MU de l'abréviation du mot menuisier est parfaitement compréhensible pour nous... Cet intérêt de Vincent GARREC pour l'alphabet armoricain témoigne d'un goût pour un ésotérisme, qui a toujours fasciné, à toutes époques et que nos contemporains, avides de mystères au milieu d'un monde en proie à la rationalité, sont en train de redécouvrir (63).
La dernière restauration date de 1992
(64).
Il existe un autre confessionnal dans la chapelle Lanascol.
En 1869, il y avait trois confessionnaux, dont « un vieux »
(65). Ce « vieux » confessionnal a dû être détruit depuis.

d) Statues
(1) Statues anciennes à l'église
La plupart de ces statues datent du XVIème siècle.

a) Saint Fiacre
Statue en stuc ou pierre friable polychrome, de 100 cm de hauteur. Il est vêtu d'une robe et d'un scapulaire, tenant une bêche et un livre.

b) Saint Jean-Baptiste
Statue en bois polychrome, de 110 cm de hauteur. Le saint porte un livre et un mouton. « Jean portait un vêtement de poils de chameau »
(66). Saint Jean-Baptiste est considéré comme étant à la fois le dernier prophète de l'Ancien Testament et le premier martyr du Nouveau.

c) Sainte Catherine d'Alexandrie
Replacée à cet emplacement en 1990. Statue en pierre polychrome, de 65 cm de hauteur. La sainte porte une roue et une couronne. Cette sainte n'est connue que par la Fable qui fait d'elle à la fois une grande princesse et une grande intellectuelle. Elle tient tête aux controversistes païens les plus savants, et Maximien, empereur de Rome, outré de la voir le refuser pour mari la fit supplicier. Des roues à éperons de fer commençaient à la déchiqueter lorsque Dieu, d'un coup de foudre, les fit voler en morceaux. Catherine fut alors décapitée.

d) Saint Roch
Statue en bois polychrome, de 115 cm de hauteur. Ce saint était un grand protecteur contre la peste. Roch est un saint voyageur et charitable, né au XIVème siècle à Montpellier. En soignant les pestiférés il contracta lui-même le mal, et c'est ce qu'indique l'abcès qu'il montre en retroussant sa tunique. Il avait fait le pèlerinage de Rome, et Dieu eut de grandes faveurs pour ce bon serviteur : un chien lui apportait régulièrement à manger, et un ange venait le réconforter.

e) Saint Michel terrassant le dragon
Statue en stuc ou en calcaire (ou en pierre peinte
(67)), de 125 cm de hauteur. L'archange ailé, aux cheveux bouclés, revêtu d'une armure et d'un manteau, écrase le dragon. De la main droite, il brandit une épée et de la main gauche, il tient un écu sur le cou du monstre. Saint Michel avait pour rôle d'être le vainqueur de Satan (le monstre).

f) Saint Ivi
Statue en bois polychrome, de 150 cm de hauteur, dans une niche. Sur cette niche, on distingue sous l'inscription « Est Ivi ». « Br Pr NOU ». Saint Ivi, appelé Saint Divi, Saint Divy, est le même que Saint David qui est le fils de Nonne et de Xanthus. Il décéda en 544 ou en 601, mais il ne fut canonisé qu'en 1120.

g) Saint Vincent-Ferrier, dit Sant Visant
C'est une statue en bois polychrome, de 120 cm de hauteur. Il est représenté en moine avec robe, scapulaire et couronne monastique. Il tient de la main gauche un livre sur lequel est inscrit : « Ecce Agnus Déi - Miséré Nobis ». Il tient dans l'autre main un fruit.

h) Saint Herbot
Statue en pierre polychrome, de 175 cm de hauteur. De forte corpulence, les cheveux et la barbe ondulés, il tient un livre dans la main gauche et dans l'autre main (voir saint Tugen à Cast). Il devait tenir un long bâton qui a dû être cassé. Herbot ne vécut peut-être qu'au XIIIème siècle mais il ressemble en tous points à ses prédécesseurs des temps barbares. Rude prédicateur des vérités de Dieu devant les paysans de la montagne d'Arrée, il se fit par la-même mal voir des femmes. Il se retira dans la solitude, là où se dresse aujourd'hui sa célèbre chapelle. Il exerce, conjointement avec saint Cornély, une protection sur le bétail.

i) Jésus Saint Sauveur du Monde
Statue en pierre polychrome, de 140 cm de hauteur. Couronné d'épines, la barbe longue, revêtu d'un manteau rouge, il tient contre lui un globe surmonté d'une croix et lève deux doigts. Il proviendrait de l'ancienne chapelle Saint-Sauveur en Guengat
(68).

j) Vierge à l'Enfant
Statue en bois polychrome, de 95 cm de hauteur. La couronne et le voile laissent paraître une longue chevelure ondulée. Drapée dans un grand manteau, elle tient sur le bras gauche l'enfant qui lève une main, et dans sa main droite lui présente un fruit.

k) Crucifixion
Statue en bois polychrome. Le Christ tient les bras horizontaux, ses chevaux tombent à droite sur l'épaule. Il est d'une taille plus grande que la sainte Vierge et saint Jean (180 cm contre 120 cm). La Vierge, la tête inclinée, retient son manteau de la main droite et désigne son fils de l'autre main. Saint Jean, le visage levé vers le Christ, tient son livre de la main gauche et de la droite retient son manteau. C'est exactement le même modèle que ceux que l'on trouve à Locronan, Penmarc'h, Ergué-Gabéric ou Kerdévot.

l) Vierge-Mère
Statue en pierre polychrome, de 100 cm de hauteur. La Vierge, voilée et couronnée, est vêtue d'une robe et d'un manteau à fleurs drapées. Elle tient sur le bras gauche son enfant en robe et tête nue. Cette statue porte, sur le socle, l'inscription, presque effacée, « N.D. DE GRACE ». Vierge du XIVème siècle (ou XVIème
(69)), cette statue en reproduit néanmoins les principales caractéristiques (70). Mais le hanchement, souvent repris comme un poncif sans autre but qu'un effet d'élégance, fait ici défaut ; son absence laisse dominer l'axe vertical autour duquel s'établit l'équilibre. Sculptée dans un bloc de pierre rectangulaire de faible épaisseur, la statue montre une Vierge vêtue d'une longue robe dont les plis obliques se couchent au contact du sol, découvrant les pointes des souliers. Les volutes traditionnels, très schématisés, soulignent la jambe d'appui. Le bloc n'est creusé qu'en surface de plis graphiques. Un manteau drapé transversalement en écharpe la recouvre. La diagonale du pli montant vers l'Enfant ne parvient pas à déployer une force en hauteur, interrompue par les plis étirés en largeur de la partie médiane. La forme particulière du voile enchâssant le visage évoque comme d'ailleurs tout le groupe de Notre-Dame de Bodonnou, statue en granite, en la commune de Plouzané. L'allure générale reste la même, mais le drapé paraît plus nerveux à Plouzané où les plis concentriques du plastron s'opposent aux plis obliques de la jupe qui font apparaître la Vierge de Guengat d'une exécution plus molle. Dans les deux groupes, l'Enfant assis sur le bras gauche, les reins tenus par la main maternelle, porte une tunique dont le bas s'évase en plis en accordéon ; il avance la jambe gauche et la pointe de son pied nu repose dans un pli du manteau de sa mère. Une inscription en lettres gothiques sur le socle de la Vierge de Bodonnou mentionne : M V QUILBIGNO. Or on signale un maître Y. QUILBIGNON, seigneur de Coaténez, présent en 1534, à la montre de l'évêché de Léon (71).

m) Sainte Barbe
Replacée à cet endroit en 1990. Statue en bois polychrome, de la fin du XVème siècle
(72) ou du XVIème (73), de 80 cm de hauteur, 26 de large et 18 cm d'épaisseur. Cette statue a été inscrite à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques le 24/VI/1988.
La sainte a sa coiffure retenue par un turban qui revient sous le menton, la chevelure en tresses, la robe et le manteau d'un drapé élégant, une ceinture à la taille. La sainte s'appuie contre une tour et tient un livre ouvert de sa main droite. La « Légende dorée » abonde de détails sur cette sainte fort incertaine. Pour la soustraire à la tentation de se convertir, son père l'emprisonna. Elle fut pourtant catéchisée et baptisée par un prêtre courageux, et, devenue dévote à la Sainte Trinité, fit percer en l'honneur de ce mystère une troisième fenêtre dans la tour où on la gardait. Plus tard, ayant pu s'échapper, elle fut dénoncée, livrée aux plus cruels supplices et décapitée par son père en furie. Légèrement hanchée, la sainte est figurée avec son attribut usuel : la tour où son père l'enferma. La palme, symbole de son martyre, a disparu. Le style de la robe comme celui de la coiffure évoque l'influence des Flandres qui entretinrent avec le duché, tout au long du XVème siècle, les rapports commerciaux et artistiques que l'on sait
(74).

n) Pietà
Statue en bois polychrome. Ce n'est pas sa place originelle.
La Vierge, en robe d'or, voile et manteau bleus, tient sur ses genoux le corps du Christ, dont le torse est vertical, la tête rejetée, le bras droit pendant. Elle lui prend le bras gauche et le retient sous l'aisselle droite. Cette statue a été classée par les Monuments historiques le 29/VII/1966
(75).

o) Baptême du Christ
Situé dans le porche, c'est un groupe en granit du XVIème siècle
(76). Il est soutenu par des anges qui tiennent un écu. Ce groupe comporte trois personnages : au centre, le Christ, plus petit, enfoncé dans les eaux du Jourdain et joignant les mains ; à sa gauche, saint Jean-Baptiste, drapé dans sa peau de chameau, tient un livre de la main gauche ; à sa droite, un ange ailé tient la robe du Christ sur ses avant-bras.

Début chapître

Précédent

Suite

(59) « Payé 246 F ». Délibérations du conseil de fabrique (1840-1906) - A.D.F. - V. Dépôt Guengat 1.
(60) B.S.A.F. - 1984 - p. 327
(61) La traduction en langage courant pourrait être : « Jean KÉRAVAL fabrique du Rosaire. Vincent GARREC menuisier. 1840 ».
(62) "Alphabet des Anciens Bretons Armoriques, tiré d'un ancien Calice de l'abbaye de Landevenec, d'une Croix de Pierre en Plou-Sané, à deux lieues de Breft, du Château de Lezafcoët près de Doüarnenez, dans les pierres de taille que j'ai vu en place en 1701 étoient toutes marquées de ces Caractères & de quelques autres Anciens monuments de la Bretagne."
(63) CASTEL (Y.P.) : Esotérisme ? L'Alphabet Armoricain. Une curiosité peu connue - In Progrès de Cornouaille - 12/V/1986.
(64) "Le confessionnal restauré a réintégré l'église" - In Le Télégramme de Brest - 27/IV/1992
(65) Délibérations du conseil de fabrique (1840-1906) - A.D.F. - V. Dépôt Guengat 1.
(66) Evangile selon Saint Marc Chapitre 1, verset 6
(67) LASCAUX (Mikael) : Eglises du Finistère sud - 1990(?).
(68) DIVERRÈS (H.) : Monographie de la commune de Guengat - B.S.A.F. 1891
(69) LASCAUX (Mikael) : Eglises du Finistère sud - 1990(?).
(70) B.S.A.F., 1982, p. 371-372
(71) CASTEL (Y.P.) : Inventaire artistique de la commune de Plouzané, 1977, p. 28
(72) In La Bretagne au temps des Ducs - Catalogue de l'exposition de Daoulas - 1991
(73) LASCAUX (Mikael) : Eglises du Finistère sud - 1990(?).
(74) Catalogue "La Bretagne au temps des Ducs" - Abbaye de Daoulas - 1991.
(75) Liste des objets meubles ou immeubles par destination classés parmi les Monuments Historiques dans le département du Finistère (arrêtée au 1/I/1978).
(76) LASCAUX (Mikael) : Eglises du Finistère sud - 1990(?).